Electricité + Smartgrid + blockchain = autoconsommation collective

Produire de l’électricité, la consommer, vendre le surplus autour de soi ou, s’il en manque, l’acheter autour de soi. Le tout de manière automatique, en ayant la garantie que toutes les transactions – production d’électricité, vente et achat, seront enregistrées dans un registre distribué. Voilà la promesse de l’autoconsommation collective d’électricité portée par une blockchain. 

Production d’électricité, Smartgrid, blockchain de quoi parle-t-on ?

L’autoconsommation électrique consiste à consommer tout ou partie de l’énergie renouvelable que l’on produit, la plupart du temps de l’électricité d’origine photovoltaïque. Selon Enedis, quelque 20 000 foyers français consommaient leur propre électricité fin 2017. Loin des 500 000 Allemands qui s’y sont déjà convertis. En France, une loi du 24 février 2017, suivi par son décret d’application en avril de la même année, a mis en place des mesures en faveur de l’autoconsommation d’électricité en distinguant d’une part, l’autoconsommation individuelle, lorsqu’un individu consomme lui-même tout ou partie de l’électricité produite par son installation et d’autre part, l’autoconsommation dite collective.

Cette dernière correspond « à la fourniture et la consommation d’électricité effectuée entre plusieurs producteurs et consommateurs liés entre eux au sein d’une personne morale et dont les points de soutirage et d’injection sont situés en aval d’un même poste public de transformation d’électricité de moyenne en basse tension ». Ont ainsi été jetées les bases d’une réglementation permettant aux citoyens ou aux entreprises de s’auto organiser dans la fourniture et la production d’électricité renouvelable à une échelle locale.

Ensuite, un smart grid ou « réseau électrique intelligent est un réseau de distribution d’électricité qui favorise la circulation d’information entre les fournisseurs et les consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité en temps réel et permettre une gestion plus efficace du réseau électrique ». On ne compte plus les mises en œuvre de ce type de réseau en Europe, aux Etats-Unis ou en encore en Asie, où le Japon fut probablement l’un des premiers pays à chercher des solutions locales à sa situation énergétique.

Enfin, une blockchain est un registre, public ou privé, qui permet d’enregistrer toutes les transactions qui se déroulent sur son réseau, et les consigner dans un registre distribué devenant ainsi infalsifiable et donc vérifiable et consultable à qui de droit. La confiance est déportée vers le réseau et son infrastructure technique et logicielle plutôt qu’à travers un opérateur de service tiers. Là encore, de nombreuses expérimentations ont déjà eu lieu, notamment à New York avec le Brooklyn Microgrid (BMG) développé par TransActive Grid réunissant par une joint venture Lo3 Energy, une société de conseil dans l’énergie et l’environnement, et ConsenSys, une startup développant des applications blockchain.

Mise bout à bout, l’auto production/consommation d’électricité à travers un réseau électrique local intelligent dont l’intégrité des transactions est garantie par une blockchain semble être des plus prometteurs.

Elle s’inscrit dans la dynamique vertueuse du développement des énergies renouvelables qui s’effectue, selon un rapport du Conseil économique et social européen « à un rythme plus soutenu dans les Etats membres qui ont donné à leurs habitants la possibilité de lancer leurs propres initiatives énergétiques citoyennes, à titre individuel ou de manière collective ».

L’autoconsommation collective répond au défi énergétique de freiner notre consommation électrique de source nucléaire et de partager le surplus énergétique d’installations « propres » au sein d’un territoire et des logements, des commerces, des bornes de recharge. Les entreprises ne sont pas en reste puisque leurs horaires d’ouvertures correspondent à la production d’électricité photovoltaïque en journée. Par exemple, à Zuzwil en Suisse, « la chaîne de supermarchés Migros exploite depuis novembre 2015 le 1er supermarché à énergie « positive » de Suisse. Une réussite rendue possible grâce à la conception du magasin et à l’installation de panneaux solaires sur le toit ».

Blockchain et électricité

En Australie, Power Ledger a initié en décembre 2016 « le premier marché d’électricité résidentielle propulsé par une blockchain ». A travers une blockchain dédiée, Ecochain, les propriétaires d’équipements solaires vendent leur surplus d’énergie.

Nous citions l’initiative de Brooklyn Microgrid à New York, les producteurs d’électricité photovoltaïque gèrent localement leur propre réseau électrique à travers la blockchain Ethereum en « un marché de l’énergie communautaire et partagé », et s’échangent entre voisins les surplus d’énergie de manière sécurisée.

Pour ne citer qu’un autre exemple, Electraseed a testé en Afrique l’installation d’une centaine de kits solaires autonomes formant leur propre réseau électrique adossé à une blockchain et prévoir cette année le déploiement à grande échelle de leurs équipements.

D’autres projets existent comme le montre cette étude de Sia Partner :

A n’en pas douter, l’autoconsommation collective trouve dans les blockchains la brique de confiance nécessaire à son déploiement. La convergence d’un cadre réglementaire avec le développement informatique de ces technologies augure le développement progressif de ces initiatives et, à terme, un déploiement à plus grande échelle.

Sources :

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