Certifier des diplômes ou des compétences dans une blockchain

Selon une étude de Robert Half « 47% des directeurs généraux ont déjà exclu un candidat d’un poste au sein d’une entreprise après avoir découvert des informations fausses ou exagérées dans son CV« . Régulièrement dénoncée par les écoles et par les entreprises, la fraude au diplôme serait un fléau en constante progression.

Pour ne citer qu’un seul cas tristement célèbre, Gilles Bernheim, grand rabbin de France, a reconnu avoir menti sur son CV, en 2015, en usurpant le titre d’agrégé de philosophie, mentionné dans toutes ses biographies. Des entreprises, comme Verifdiploma fondée en 2000, se sont lancées sur ce créneau d’authentification des diplômes et autres certificats d’un candidat.

Une des solutions mises en œuvre par l’ESILV (École supérieure d’ingénieurs Léonard de Vinci) en partenariat avec la société Paymium en France, ou par l’École d’ingénieurs Holberton à San Francisco, aux États-Unis, avec la société Bitproof, a été d’enregistrer la signature de chaque diplôme dans la blockchain Bitcoin et de tenir ainsi à jour le registre de leurs diplômés.

Récemment, le MIT à Cambridge a inscrit dans une blockchain les diplômés qui ont terminé leur cursus en février, rapporte le Wall Street Journal. Le MIT a collaboré avec la start up Learning Machine pour mettre en place ce système via la technologie open source Blockcerts.

Il est, à la fois, extrêmement difficile de falsifier un tel registre, qui horodate par ordre chronologique l’ensemble des diplômes émis par l’école et très simple pour une entreprise de vérifier dans ce même registre si un candidat est bel et bien diplômé de ladite école.

En France, le ministère de l’éducation nationale et le rectorat devraient s’emparer du sujet au plus vite afin de moderniser le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP – dont le graphisme et l’ergonomie font penser au Minitel), registre des diplômes reconnus par l’État, ce qui permettrait de les distinguer facilement de ceux qui ne le sont pas. Serait en même temps créée une blockchain publique dans laquelle les écoles et les universités inscriraient leurs diplômés, cette base de données pouvant être consultée par tous les employeurs de France ou de l’étranger. En effet, le risque que se développe autant d’écoles que de blockchains pourrait vite devenir un casse-tête pour un employeur. Le contraire du but poursuivi.

La certification peut également porter, non plus simplement sur les diplômes mais également sur les compétences d’un candidat. C’est le pari d’une entreprise française qui, mettant déjà en relation freelances et grandes entreprises, bascule son fonctionnement sur une blockchain, Emind Hub devenant Talao. Talao va proposer une organisation autonome décentralisée sur la blockchain Ethereum pour mettre en relation entreprises et indépendants et souhaite, pour se lancer, réaliser en France une importante levée de fonds en crypto-actifs (ICO). Plus précisément, l’entreprise souhaite « proposer un service sans intermédiaire et sans commission, où les entreprises et les talents entrent directement en relation d’affaire, permettre aux talents de reprendre possession de leur réputation professionnelle, de certifier leurs compétences sur la blockchain et de stocker les certificats dans un coffre-fort numérique accessible grâce à son token dédié, et enfin, redonner la gouvernance aux utilisateurs, grâce à un système de vote ».

La tenue d’un registre pour certifier des diplômes ou encore le développement d’une organisation autonome décentralisée pour certifier des compétences et mettre en relation des recruteurs et des freelances répondent tous les deux à la désintermédiation dont les blockchains sont le moteur. A suivre !

Sources :

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